[article]
Titre : |
L'opposition chez l'enfant et l'adolescent : les paradoxes du non : dossier |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Margot Weber, Auteur ; Jean-Louis Le Run, Auteur |
Année de publication : |
2017 |
Article en page(s) : |
p.6/166 |
Langues : |
Français (fre) |
Sujets : |
Adolescence ; Adolescent ; Enfant ; Opposition
|
Mots-clés : |
Positionnement parental Refus droits de l'enfant Violence agressivité conduite d'opposition enfance |
Résumé : |
Les attitudes d’opposition constituent un motif de consultations de pédopsychiatrie de plus en plus fréquent. On peut les retrouver dans les plaintes parentales à propos d’un tout-petit qui détourne systématiquement la tête du sein ou du biberon, au sujet d’un enfant tyrannique qui a pris le pouvoir à la maison ou encore d’un adolescent vécu comme incontrôlable qui multiplie les conduites à risque. Sur la scène scolaire, parfois dès l’entrée en maternelle, les enseignants signalent ces enfants qui sont en peine pour se soumettre au cadre et aux exigences de l’école, manifestant silence ou agitation. En consultation, ces enfants ou adolescents qui s’opposent massivement, disent non à tout, parfois même au simple fait d’entrer dans le bureau, sollicitent parfois un contre-transfert négatif et épuisent souvent les équipes de soins. Et les conduites d’opposition sont une question récurrente dans le champ éducatif générant fréquemment des ruptures dans les parcours de vie des enfants ou des adolescents placés.
Un florilège de manuels envahit les libraires depuis quelques années à ce sujet, proposant recettes et bonnes pratiques face au désarroi des parents ou des professionnels. Mais bien plus qu’une simple question de juste attitude éducative, pour bien comprendre l’opposition, il importe d’en saisir le contexte, les ressorts, les prémisses et d’essayer de comprendre le sens de cette opposition.
En fait l’opposition accompagne l’être humain tout au long de son existence et certaines formes d’opposition sont structurantes dès la petite enfance et à l’adolescence, nécessaires à la construction de la personnalité, à la subjectivation.
Mais l’opposition peut se durcir, prendre un tour radical comme l’a montré l’actualité récente. Plus communément, elle peut se maintenir, se renforcer et devenir un symptôme bruyant qui, associé à d’autres, conduit à des situations d’opposition pathologiques. On les retrouve actuellement sous les termes de troubles des conduites, du comportement ou encore de troubles de l’opposition avec provocation. Elles dépassent largement le cadre de l’opposition développementale et s’expriment à travers une grande variété d’attitudes et de comportements.
Il serait toutefois réducteur d’entrevoir l’opposition comme une simple entité clinique/pathologique. L’opposition est certes un symptôme, cependant nous pouvons faire le choix de ne pas résumer ce symptôme à un signe diagnostique mais de le considérer comme riche de sens. Les conduites d’opposition répétées n’ont en effet rien d’univoque et peuvent survenir dans des contextes nosologiques variés allant de phénomènes réactionnels à l’autisme, en passant par les états limites, la dépression ou encore les troubles déficitaires de l’attention et certaines formes d’anorexie du bébé et de l’enfant.
On retrouve également des conduites d’opposition plus « passives » qui peuvent se manifester chez les plus jeunes par une inhibition et chez les adolescents par un repli sur soi, un refus scolaire, comme une forme d’affirmation en creux, une façon contemporaine de « dire non ».
Il peut être salutaire de s’opposer lorsque ce qui vous est imposé est inacceptable. L’opposition peut se révéler ainsi adaptative, réactionnelle chez l’enfant maltraité par exemple. Elle peut prendre un sens tout particulier chez l’enfant diabétique qui, lassé de son état, refuse la compliance thérapeutique.
L’opposition peut s’exprimer avec intensité dans l’organisation même de liens intrafamiliaux pathologiques, au sein de certaines fratries, dans des situations d’adoption ou d’histoires traumatiques familiales. Parfois l’opposition signe une réponse comportementale de l’enfant ou de l’adolescent à un style parental peu adapté.
On le voit à travers ces exemples, l’enfant ou l’adolescent s’oppose à un parent, un cadre, un système, une idéologie, une part de soi ou de l’autre qu’il ne comprend pas. Il apparaît donc primordial de comprendre ce qui sous-tend cette opposition. Que vient-elle signifier ? Quelle est sa valeur dans l’économie psychique du sujet ou au sein de la dynamique familiale ? On cherche ici à en comprendre les enjeux, à savoir ce qui est atteint. Pourquoi cet enfant/adolescent est en lutte, affronte, refuse quelque chose de l’autre ? Il nous apparaît important de surmonter les limites entre l’approche nosologique psychiatrique et une perspective plus large tenant compte de l’opposition comme un symptôme qui fait sens. Mais quand doit-on faire de l’opposition un signal ? Quand constitue-t-elle le signe d’une pathologie en cours ? Et comment l’aborder dans le soin ? |
Note de contenu : |
Sommaire :
- Introduction / Margot Weber
psychologue clinicienne
- 1er secteur de psychiatrie infanto-juvénile de Paris / Jean-Louis Le Run
De l’affirmation subjective aux conduites d’opposition
- Les troubles de l’opposition chez le bébé et le jeune enfant : question pertinente ou impertinente ? / Annick Le Nestour
- Non, je ne reprendrai pas cet article. Quelques remarques complémentaires sur la fonction développementale du « non » / Daniel Marcelli
- Quand surgit l’opposition : le stade anal / Sébastien Chapellon et Guéda Gadio
- Pourquoi non ? Quand l’opposition s’installe chez l’enfant / Margot Weber et Jean-Louis Le Run
- « Je maigris, donc je suis ! » L’anorexie à l’adolescence, détour ou impasse ? / Jean-Pierre Benoit
Rencontre avec les opposants
- De l’accordage affectif à l’interprétation. Tendance antisociale et troubles oppositionnels avec provocation / Gilbert Diatkine et Marta Maffioli
- S’opposer pour un oui ou pour un non ? L’histoire des enfants accueillis en itep / Mélanie Georgelin
- Le joueur et le rebelle triste / Philippe Duverger
- Le non chez l’adolescent adopté : une conjugaison de facteurs propices au développement de conduites d’opposition / Jean-Louis Le Run et Margot Weber
- Place-moi si tu peux ! / Sandrine Clergeau
- Des vents contraires Le juste positionnement du juge pour enfants et de ses partenaires face aux conduites d’opposition des mineurs / Laurence Bégon-Bordreuil
- non mais oui, oui mais non Figures de l’opposition en visites médiatisées / Danielle Lefebvre et Marina Stephanoff
- « C’est pour ton bien. » Face au refus de soin de l’enfant / Sébastien Rouget
- L’opposition chez l’enfant autiste Le malentendu / Anne-Sylvie Pelloux |
Permalink : |
http://www.cocof-cbdp.irisnet.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=196466 |
in Enfances & Psy > n°73 (juin / août 2017) . - p.6/166
[article] L'opposition chez l'enfant et l'adolescent : les paradoxes du non : dossier [texte imprimé] / Margot Weber, Auteur ; Jean-Louis Le Run, Auteur . - 2017 . - p.6/166. Langues : Français ( fre) in Enfances & Psy > n°73 (juin / août 2017) . - p.6/166
Sujets : |
Adolescence ; Adolescent ; Enfant ; Opposition
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Mots-clés : |
Positionnement parental Refus droits de l'enfant Violence agressivité conduite d'opposition enfance |
Résumé : |
Les attitudes d’opposition constituent un motif de consultations de pédopsychiatrie de plus en plus fréquent. On peut les retrouver dans les plaintes parentales à propos d’un tout-petit qui détourne systématiquement la tête du sein ou du biberon, au sujet d’un enfant tyrannique qui a pris le pouvoir à la maison ou encore d’un adolescent vécu comme incontrôlable qui multiplie les conduites à risque. Sur la scène scolaire, parfois dès l’entrée en maternelle, les enseignants signalent ces enfants qui sont en peine pour se soumettre au cadre et aux exigences de l’école, manifestant silence ou agitation. En consultation, ces enfants ou adolescents qui s’opposent massivement, disent non à tout, parfois même au simple fait d’entrer dans le bureau, sollicitent parfois un contre-transfert négatif et épuisent souvent les équipes de soins. Et les conduites d’opposition sont une question récurrente dans le champ éducatif générant fréquemment des ruptures dans les parcours de vie des enfants ou des adolescents placés.
Un florilège de manuels envahit les libraires depuis quelques années à ce sujet, proposant recettes et bonnes pratiques face au désarroi des parents ou des professionnels. Mais bien plus qu’une simple question de juste attitude éducative, pour bien comprendre l’opposition, il importe d’en saisir le contexte, les ressorts, les prémisses et d’essayer de comprendre le sens de cette opposition.
En fait l’opposition accompagne l’être humain tout au long de son existence et certaines formes d’opposition sont structurantes dès la petite enfance et à l’adolescence, nécessaires à la construction de la personnalité, à la subjectivation.
Mais l’opposition peut se durcir, prendre un tour radical comme l’a montré l’actualité récente. Plus communément, elle peut se maintenir, se renforcer et devenir un symptôme bruyant qui, associé à d’autres, conduit à des situations d’opposition pathologiques. On les retrouve actuellement sous les termes de troubles des conduites, du comportement ou encore de troubles de l’opposition avec provocation. Elles dépassent largement le cadre de l’opposition développementale et s’expriment à travers une grande variété d’attitudes et de comportements.
Il serait toutefois réducteur d’entrevoir l’opposition comme une simple entité clinique/pathologique. L’opposition est certes un symptôme, cependant nous pouvons faire le choix de ne pas résumer ce symptôme à un signe diagnostique mais de le considérer comme riche de sens. Les conduites d’opposition répétées n’ont en effet rien d’univoque et peuvent survenir dans des contextes nosologiques variés allant de phénomènes réactionnels à l’autisme, en passant par les états limites, la dépression ou encore les troubles déficitaires de l’attention et certaines formes d’anorexie du bébé et de l’enfant.
On retrouve également des conduites d’opposition plus « passives » qui peuvent se manifester chez les plus jeunes par une inhibition et chez les adolescents par un repli sur soi, un refus scolaire, comme une forme d’affirmation en creux, une façon contemporaine de « dire non ».
Il peut être salutaire de s’opposer lorsque ce qui vous est imposé est inacceptable. L’opposition peut se révéler ainsi adaptative, réactionnelle chez l’enfant maltraité par exemple. Elle peut prendre un sens tout particulier chez l’enfant diabétique qui, lassé de son état, refuse la compliance thérapeutique.
L’opposition peut s’exprimer avec intensité dans l’organisation même de liens intrafamiliaux pathologiques, au sein de certaines fratries, dans des situations d’adoption ou d’histoires traumatiques familiales. Parfois l’opposition signe une réponse comportementale de l’enfant ou de l’adolescent à un style parental peu adapté.
On le voit à travers ces exemples, l’enfant ou l’adolescent s’oppose à un parent, un cadre, un système, une idéologie, une part de soi ou de l’autre qu’il ne comprend pas. Il apparaît donc primordial de comprendre ce qui sous-tend cette opposition. Que vient-elle signifier ? Quelle est sa valeur dans l’économie psychique du sujet ou au sein de la dynamique familiale ? On cherche ici à en comprendre les enjeux, à savoir ce qui est atteint. Pourquoi cet enfant/adolescent est en lutte, affronte, refuse quelque chose de l’autre ? Il nous apparaît important de surmonter les limites entre l’approche nosologique psychiatrique et une perspective plus large tenant compte de l’opposition comme un symptôme qui fait sens. Mais quand doit-on faire de l’opposition un signal ? Quand constitue-t-elle le signe d’une pathologie en cours ? Et comment l’aborder dans le soin ? |
Note de contenu : |
Sommaire :
- Introduction / Margot Weber
psychologue clinicienne
- 1er secteur de psychiatrie infanto-juvénile de Paris / Jean-Louis Le Run
De l’affirmation subjective aux conduites d’opposition
- Les troubles de l’opposition chez le bébé et le jeune enfant : question pertinente ou impertinente ? / Annick Le Nestour
- Non, je ne reprendrai pas cet article. Quelques remarques complémentaires sur la fonction développementale du « non » / Daniel Marcelli
- Quand surgit l’opposition : le stade anal / Sébastien Chapellon et Guéda Gadio
- Pourquoi non ? Quand l’opposition s’installe chez l’enfant / Margot Weber et Jean-Louis Le Run
- « Je maigris, donc je suis ! » L’anorexie à l’adolescence, détour ou impasse ? / Jean-Pierre Benoit
Rencontre avec les opposants
- De l’accordage affectif à l’interprétation. Tendance antisociale et troubles oppositionnels avec provocation / Gilbert Diatkine et Marta Maffioli
- S’opposer pour un oui ou pour un non ? L’histoire des enfants accueillis en itep / Mélanie Georgelin
- Le joueur et le rebelle triste / Philippe Duverger
- Le non chez l’adolescent adopté : une conjugaison de facteurs propices au développement de conduites d’opposition / Jean-Louis Le Run et Margot Weber
- Place-moi si tu peux ! / Sandrine Clergeau
- Des vents contraires Le juste positionnement du juge pour enfants et de ses partenaires face aux conduites d’opposition des mineurs / Laurence Bégon-Bordreuil
- non mais oui, oui mais non Figures de l’opposition en visites médiatisées / Danielle Lefebvre et Marina Stephanoff
- « C’est pour ton bien. » Face au refus de soin de l’enfant / Sébastien Rouget
- L’opposition chez l’enfant autiste Le malentendu / Anne-Sylvie Pelloux |
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